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17/08/2013

Chapitre 3.3.2. La respiration consciente



Texte lu








Description : pour aborder l'attention plus facilement, ou la remplacer lorsque son approche et son maintien sont trop difficile.

La respiration consciente :
  • comment pratiquer ;
  • ses effets ;
  • son efficacité : une seule pensée à la fois !
Et si l'on ne parvient pas à s'intérioriser dans cette posture...la douche !




- P : alors, tu t’es bien remis de tout ce bavardage sur la nature de l’attention ?

- C : très bien ! Finalement, j’ai tout oublié pour simplement être attentif !

- P : c’est le plus important!

- C : allez, je ne vais pas te faire de la peine !

- P : tu m’en fais pas ! Au contraire ! Si, comme l’on répète à l’envie, « un dessin vaut mille mots », un ressenti intime n’a pas d’équivalent, ni en mots, ni en images, c’est véritablement la compréhension fusionnelle !

- C : ça démarre fort !

- P : oui ! On va tempérer un peu avec de la musique...

- C : c’est bien. Et après Berlioz ?

- P : Liszt, avec son poème symphonique : les Préludes. (1)

- C : je connais, et j’adore !

- P : on sera en harmonie, alors !

- ..........

- P : sinon...des remarques sur la pratique de l’attention ?

- C : j’ai pu apprécier les effets de l’attention dans la vie quotidienne...

- P : ...la suite semble prévisible...

- C : mais...

- P : je me disais bien !

- C : lorsque tu as présenté l’attention et son action sur la conscience, tu semblais bien affirmer qu’elle pouvait résoudre la plupart des problèmes liés à la nature émotionnelle des personnes.

- P : je ne devais pas être suffisamment attentif alors !...

- C : tu t’en sors bien !... Voilà, pour avoir testé l’attention dans des moments émotionnels difficiles, également avec le retour de témoignages de personnes auxquelles j’avais expliqué ces principes, et qui confirment mon expérience : au bout d’un moment, ça ne suffit plus, et donc, ne permet pas de se soustraire à l’emprise de certaines vagues émotionnelles.

- P : je comprends...Tu as tout à fait raison, comme les êtres avec qui tu as partagé cela, et je t’en remercie. Il est très important d’associer d’autres personnes, de transmettre les connaissances susceptibles d’apporter du bien-être. Je me suis fourvoyé, empêtré que j’étais dans la volonté de ne pas faire de l’attention une technique, un système de pensée !

- C : de la  « non pensée parasite »  plutôt ?

- P : bien vu !

- C : ça va mieux maintenant ?

- P : oui, il était important de prendre conscience que la volonté et le désir d’aider ne suffisent pas, qu’il fallait être attentif...

- C : c’est le cas de le dire !

- P : aux retours d’expériences !

- C : bien, c’est fait ! Alors, qu’est ce qui pourrait, non pas remplacer l’attention, au vu de toutes ses qualités, mais d’en faciliter l’approche. De l’apprivoiser en quelque sorte, pour qu’elle devienne une fidèle compagne !

- P : la dresser peut-être ?

- C : c’était une image, et c’est vrai que les images parfois...

- P : (reste silencieux quelques instants...) oui...Je vois bien quelque chose...

- C : ah !

- P : la pratique de la respiration consciente, qui devrait permettre à la fois : de dissiper les charges émotionnelles, et préparer la conscience à l’attention.

- C : un programme ambitieux, donc !

- P : dis-le un peu plus bas...

- C : un programme ambitieux, donc ...Pratiquement, comment cela se présente-t-il ?

- P : voyons cela pas à pas.

- C : d’abord, qu’est-ce que la respiration consciente ?

- P : de façon naturelle, la respiration est une fonction inconsciente du corps. Respirer consciemment, c’est simplement effectuer de manière consciente les mouvements respiratoires : inspiration, expiration. Si l’on cesse cela, on se trouve dans une phase de rétention de la respiration.

- C : d’accord, est-ce tout ?

- P : presque, il est important ensuite de bien percevoir ce qui suit, et mieux encore, de le ressentir par l’expérience personnelle.

- C : ressentons donc !

- P : on peut distinguer deux phases dans chaque expression d’une respiration : inspiration, expiration. Examinons chacune d’elle en procédant ainsi :

     * Pour l’inspiration :

    1. Inspirer consciemment par le nez, de façon fluide et constante, jusqu’à cessation naturelle du mouvement par insuffisance de la force d’inspiration ;
    2. Continuer, en forçant l’inspiration, toujours par le nez, jusqu’à impossibilité d’aller au delà ;
    3. Poursuivre le mouvement, cette fois par la bouche, toujours jusqu’à impossibilité d’aller plus loin.

     * Pour l’expiration :

1.    Expirer consciemment par le nez, de façon fluide et constante, jusqu’à cessation naturelle du mouvement par insuffisance de la force d’expiration ;
2.    Continuer, en forçant l’expiration, toujours par le nez, jusqu’à impossibilité d’aller au delà ;
3.    Poursuivre le mouvement, cette fois par la bouche, toujours jusqu’à impossibilité d’aller plus loin.

- ..........

- C  (s’exerce selon les instructions de P) : j’ai bien fait comme tu as dit...

- P : tu as donc expérimenté une respiration consciente et complète, jusqu’aux limites permises par l’appareil respiratoire.

- C : d’accord.

- P : la phase qui nous intéresse ici, à l’inspiration comme à l’expiration, est la première uniquement. Il convient donc :

§         D’effectuer chaque mouvement - inspiration, expiration - selon la phase 1.

§         De veiller à la constance du mouvement : fluidité et force.

§         Trois éléments nous renseignent sur l’efficacité de cet exercice :

Ø      la respiration est silencieuse ;

Ø      le passage d’un mouvement à l’autre - inspiration, expiration - se fait naturellement, et non provoqué par un besoin physiologique ;

Ø      le plus important : on peut maintenir cette respiration consciente aussi longtemps qu’on le souhaite, et sans fatigue.


- C : ce n’est donc pas une respiration profonde ?

- P : non, car l’on ne pourrait pas la tenir longtemps sans fatigue.

- C : ni une respiration superficielle ?

- P : naturelle, tout simplement...En maintenant consciemment la fluidité et la constance du mouvement, la respiration qui s’installera ainsi gagnera progressivement en durée et en efficacité, sans effort.

- ..........

- C : je viens de faire quelques mouvements comme indiqué, c’est simple, et cela oblige à être attentif à ce que l’on fait, notamment pour conserver la constance du mouvement respiratoire.

- P : c’est bien que tu l’aies remarqué !

- C : après tout ce qui a été dit sur l’attention !

- P : finalement !...Ah oui ! Deux précisions importantes :

§         si l’on ressent le besoin d’insérer une pause entre les deux mouvements : rétention poumons pleins - après l’inspiration -, ou poumons vides - suivant l’expiration -, il convient de le faire, car c’est le corps qui décide de l’optimisation du mouvement pour son bien-être ;

§         la respiration consciente peut être interrompue par les effets suivants :

Ø      des soupirs : surtout ne pas les empêcher ! Mais les laisser s’exprimer pleinement !

Ø      une expiration soudaine, donnant la sensation que les poumons expulsent tout l’air qu’ils contiennent : signe évident d’une relaxation profonde, gagnant même cet organe ! Après cette interruption, qui peut intervenir à tous moments, reprendre le mouvement dans sa continuité, en l’occurrence, une inspiration consciente.


- C : très bien. Si l’on voyait maintenant les effets bénéfiques de cet exercice ?

- P : oui, mais avant, je souhaiterais décrire la façon la plus simple, et la plus confortable, de s’y préparer.

- C : d’accord.

- P : lorsque l’on décide de se consacrer à la pratique de la respiration consciente, il est bien, au début, de se coucher et d’adopter la posture classique de relaxation, celle enseignée notamment dans le yoga :

§         allongé sur le dos ;

§         bras et jambes écartés de l’axe du corps ;

§         mains reposant sur le dessus, paumes tournées vers le haut ; pieds orientés vers l’extérieur.

§         IMPORTANT : la bonne position sera celle qui ne procurera pas de tensions musculaires. Si celle décrite ici devait aboutir à cela, il conviendrait de la modifier pour l’adapter à son confort personnel.


- C : ça me rappellera mes cours de yoga !

- P : très bien ! Ensuite, lorsque l’on maîtrisera bien cet exercice, il sera possible de le reproduire en tous temps et en tous lieux...

- C : notamment lorsque des événements de la vie quotidienne nous perturbent et nous stressent ?

- P : on ne saurait mieux dire.

- C : voyons maintenant ces fameux effets bénéfiques de la respiration consciente.

- P : on y va :

§         Relaxation physique : les mouvements doux et harmonieusement rythmés du diaphragme - l’un des muscles les plus puissants du corps - imprimeront un massage bienfaisant et  salutaire aux organes internes de l’abdomen et de la cage thoracique.

§         Optimisation du rythme respiratoire : il s’installera naturellement si l’on respecte la fluidité et la constance des mouvements.

§         Rythme cardiaque : synchronisé d’une certaine façon à la respiration, il en retirera tous les bienfaits.

§         Cerveau : relié aux battements du cœur, il produira des ondes cérébrales de fréquences plus lentes, réparatrices ; si l’exercice est répété de manière régulière et prolongée, cela pourra générer un équilibre des deux hémisphères cérébraux. Ceci est dû au fait que la respiration consciente induit les mêmes effets que la méditation, notamment la stimulation du cerveau droit, bien souvent délaissé dans nos activités quotidiennes.

§         Mental : raréfaction, voire disparition du mouvement incessant des pensées, surtout celles que l’on peut qualifier de « parasites. »

§         Attention (il ne faudrait pas l’oublier !) : c’est une voie royale pour se préparer à l’attention lorsque celle-ci ne s’installe pas spontanément, uniquement par l’observation naturelle de ce qui se présente à la conscience. On peut donc commencer, et on le fera avec profit, par être simplement attentif à sa respiration, que l’on souhaite consciente. Puis, progressivement, lorsque cette pratique régulière aura eut raison de l’agitation mentale, il conviendra d’étendre son attention aux autres perceptions sensorielles.

- C : quel programme en perspective !...Et accessible à chacun !

- P : à toutes les personnes qui ont la capacité de respirer par elles-mêmes, cela peut s’adresser au plus grand nombre.

- C : juste un petit point...

- P : oui, naturellement...

- C : voilà, lorsque l’on pratique cet exercice couché, comme tu l’as indiqué,  ne risque-t-on pas de s’endormir ?

- P : effectivement, quand on pratique au calme, durant un moment choisi, et allongé confortablement, trois conditions qu’il est nécessaire de réunir au début de l’exercice, on peut facilement sombrer dans le sommeil, et « sombrer » est bien le terme adéquat, car l’on perdrait alors l’essentiel des bénéfices mentionnés précédemment.

- C : donc ?

- P : il n’y a pas de miracle...

- C : vingt fois sur le métier ?

- P : et bien plus s’il le faut ! C’est-à-dire qu’il convient de forcer sa vigilance pour rester conscient durant tout l’exercice. Et c’est seulement ainsi qu’il sera possible d’accéder à un autre niveau de conscience, beaucoup plus harmonieux, naturel, et pour tout dire...universel ! 

- C : rien que cela !

- P : cela et rien d’autre ! J’allais oublier une chose importante...

- C : je ne sais pas ce dont il s’agit, mais après ce qui a été dit, ça serait vraiment dommage de négliger cela !

- P : merci, ça fait plaisir !...Oui, l’efficacité de la respiration consciente repose sur deux caractéristiques essentielles :

§         la simplicité de la respiration elle-même : débutant avec le premier souffle et accompagnant toute l’existence ;

§         cette pratique consciente et vigilante mobilise une pensée unique qui dirige le processus. Or...

- C : or ?

- P : ...il n’est pas possible de penser à deux choses à la fois. Donc, le fait d’être attentif à sa respiration pour la maintenir consciente évitera de subir l’attraction des pensées parasites.

- C : objection votre honneur !

- P : objection accordée...

- C : on peut, par exemple, faire son lit de façon bien appliquée tout en pensant à autre chose. C’est d’ailleurs ce qu’on fait la plupart du temps, notamment pour les tâches journalières inintéressantes, voire rébarbatives.

- P : bonne remarque qui va nous permettre d’expliciter un peu mieux le processus en cours. Le cerveau accomplit, de façon inconsciente, pratiquement 90 % de nos actions quotidiennes. Ces actes habituels se font presque machinalement, ce qui permet de suivre des pensées distinctes, mais toujours l’une après l’autre ; le temps de passage de l’une à l’autre, très bref, lorsqu’elles se « bousculent au portillon », fait qu’on a l’impression de pouvoir en suivre plusieurs à la fois. Ici, un point IMPORTANT doit être expliqué pour être bien compris : lorsque l’on est installé dans la respiration consciente, mobilisant, comme on l’a dit, une pensée, l’irruption de la première pensée « parasite » qui va se manifester sera donc reconnue, troublant l’harmonie mentale...et c’est là qu’il faut être vigilant !

- C : attentif en quelque sorte...

- P : ...tout à fait ! Pour ne pas « déraper », et prendre le train interminable des « pensées parasites » !

- C : qui ne demandent que cela !

-P : si elles pouvaient parler, OUI !...et se recadrer illico, afin de reprendre l’exercice de la respiration consciente !

- C : sinon ?

- P : sinon, on peut y passer un certain temps, je dirais même un temps certain !...Par exemple, jusqu’à ce que la sonnerie du réveil, chargée de nous prévenir de la fin de l’exercice respiratoire, ne retentisse ! Mais revenons à nos moutons...

- C : ...sous le lit, naturellement !

- P : allez, on l’accepte ! Pour revenir à l’action de « faire son lit », si l’on restait vigilant dans cette pratique, on se recadrerait immédiatement sur celle-ci dès qu’une pensée étrangère se manifeste, demeurant ainsi attentif de façon simple et naturelle !

- C : finalement, dans les actes les plus simples de la vie quotidienne, à condition de respecter ce principe, on...

- P : ...peut vivre en pleine conscience ! Celle que nous révèle l’attention !

- C : il était important, effectivement, de faire ce point. On peut donc en conclure...

- P : ...que lorsque des pensées parasites se manifestent durant la respiration consciente, c’est que l’on a décroché de cet exercice pour aller gambader en leur compagnie ! Il faut le prendre comme un signal nous indiquant que nous devons revenir immédiatement à la respiration consciente !

- C : juste un dernier point...

- P : oui...

- C : dans les cas difficiles, pas nécessairement pathologiques, mais difficiles, lorsque la respiration consciente est impuissante à remettre les choses, c’est-à-dire les états de  conscience, dans l’ordre. Que faire ?

- P : il est évident que l’on parle ici, et pour l’ensemble de nos entretiens, que de la résolution de difficultés que rencontrent, malheureusement  beaucoup de personnes dans leur quotidien, mais qui ne souffrent pas de pathologies nécessitant un traitement médical.

- C : cela va sans dire.

- P : et bien, si l’on ne parvient pas à rester suffisamment attentif pour se livrer à l’exercice de la respiration consciente, car trop sous l’emprise des émotions, on se passera avec profit de l’eau fraîche sur le visage, voire, prendre une douche à température confortable, jusqu’à élimination des tensions émotionnelles, du moins, jusqu’à ce qu’elles soient suffisamment dissipées pour être enclin à pratiquer la respiration consciente.

- C : ah bon ! Je ne m’attendais pas à ça !...

- P : et à quoi t’attendais-tu, alors ?

- C : euh...après réflexion, à rien de précis en fait...

- P : alors, terminons ici !

- C : ça marche !

- P : bon, si on faisait...une respiration musicale ?

- C : consciente, alors !

- P : de toute évidence !

- C : après Liszt, son gendre ?

- P : oui ! Mais qui ne l’était pas encore, à l’époque où il a composé l’œuvre dont nous allons écouter un large extrait...

- C : ...oui, parce qu’un opéra de Wagner en entier !...Et lequel ?

- P : le deuxième acte de Tristan et Isolde... (2)

- C : ...Ah oui !...Avec le fameux duo d’amour ! Tu sais que je ne connais de Wagner que les pages célèbres, les ouvertures et les préludes. J’avais entendu parler de cette fameuse scène, de cet extraordinaire duo ! Mais jamais je n’avais osé me lancer...

- P: c’est le moment !

- ..........

- P : alors ?

- C : deux bonheurs conjugués : entendre enfin cette œuvre...et en profiter pleinement par l’attention et la respiration consciente !

- P : quel timing !...Bon, à dimanche prochain, et comme l’autre fois, fais-moi part de tes observations, le cas échéant...

- C : je n’y manquerais pas !

http://pgvcp.blogspot.fr/2013/08/chapitre-332-la-respiration-consciente.html


(1) Liszt : Les Préludes

http://www.youtube.com/watch?v=-mkJuWbbjaI

(2) Wagner :  Tristan et Isolde : Acte II

http://www.youtube.com/watch?v=KhBqlOdvzf4

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