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16/08/2013

Chapitre 3.3.3. La réaction du cerveau

 

 

Texte lu



   

Description :  si la respiration consciente permet de remplacer l'attention, et surtout de s'y préparer, il arrive cependant qu'elle ne fasse plus effet, voire qu'elle semble augmenter l'afflux des pensées "parasites". 


Pour comprendre cela :
  • un retour sur certains effets de l'attention s'impose ;
  • un exemple pour bien différencier l'entrainement mental et physique ;
  • la "force d'inertie cérébrale", comment et pourquoi ?
Quelles actions mener ?
  • après la compréhension : pratiquer, pratiquer, pratiquer !...
  • guetter les signes indiquant que le cerveau devient un allié.





- P : alors, des commentaires ?

- C : on écoute de la musique ?

- P : oui, on passera aux remarques après s’il y en a...mais j’ai bien le sentiment qu’il y en a ! Après Wagner, Brahms, et sa deuxième symphonie (1). Rien de tel pour débuter une journée, surtout le final !

- C : débutons joyeusement la journée, alors !

- ..........

- C : champêtre et tonique !

- P : c’est vrai qu’elle se démarque de ses autres symphonies, plus graves. Elle a été surnommée la « pastorale » de Brahms.

- C : en effet, surtout dans le troisième mouvement.

- P : et les commentaires ?

- C : je suis désolé, mais ce que j’ai un peu ressenti en pratiquant la respiration consciente m’a été confirmé par un ami qui avait beaucoup de pensées parasites, et auquel j’ai conseillé cette pratique, en plus de l’attention.

- P : et donc, cet ami ?

- C : et bien, au début c’était parfait, la respiration consciente a remplacé avantageusement le fait d’être simplement attentif pour dissiper les pensées parasites...

- P : ...oui, c’était le but...

- C : ...et puis, à un moment donné, c’est le drame !...Il était régulièrement et complètement assailli par des « tsunami » émotionnels !

- P : rien que ça !

- C : à la réflexion...oui !

- P : avant tout, juste une chose...

- C : oui...

- P : pourquoi étais-tu désolé ?

- C : parce qu’à chaque fois que tu proposes quelque chose pour essayer de se transformer, de changer son niveau de conscience, c’est impeccable au début, et puis...ça se complique après...

- P : il n’y a pas à être désolé, c’est en posant franchement les problèmes, et les questions qui vont avec, que l’on peut espérer trouver des solutions. Nous nous intéressons à un sujet particulier, réfléchissons dessus, élaborons des solutions, expérimentons celles-ci, faisons face à des difficultés qui sont autant de voies nouvelles qu’ils nous faut explorer, défricher, pour les rendre praticables et sûres ! Ça ne signifie pas que l’on réussira complètement, mais on aura essayé ! Et l’on sait bien que ce sont les échecs qui font progresser la connaissance par les questions qu’ils soulèvent.

- C : merci, ça va mieux !...Et si l’on ne trouve pas de solutions ?

- P : cette absence de résultat limitera notre investigation, soit provisoirement, soit définitivement, et dans ce dernier cas, il faut apprendre à vivre avec !...C’est aussi cela, la connaissance de soi !

- C : vu sous cet angle...

- P : quel que soit l’angle d’appréciation, en fait ! Bon, c’est pas tout, attelons-nous à ce nouvel événement : le « tsunami » émotionnel provoqué par la respiration consciente...Tout un programme !...

- C : prenons le temps, c’est important !

- P : effectivement. On va reprendre au début.

- C : houlà ! Dès le début ?

- P : Non, lorsque tu m’as dit que l’attention seule ne suffisait pas, pour essayer de cerner au mieux la cause de cet emportement émotionnel.

- C : d’accord.

- P : tu avais dit, à propos de l’attention : « au bout d’un moment, ça ne suffit plus... ».

- C : tout à fait.

- P : et avant ce « moment » de basculement ?

- C : c’était très bien ! Au début, le fait d’être attentif, vraiment attentif, dissipe complètement les perturbations émotionnelles.

- P : et après, ça se complique...

- C : après, ça devient difficile, car plus on insiste pour rester dans l’attention, plus les émotions se manifestent, voire se renforcent !

- P : (songeur) c’est de ma faute...

- C : oh !...

- P : si, si...et il me semble saisir, maintenant, ce qui se passait...

- C : ah !

- P : le problème est donc : pourquoi l’attention donne rapidement d’excellents résultats sur le retrait de la conscience émotionnelle, puis perd son efficacité tout aussi vite, voire, crée un déluge émotionnel ?

- C : oui !

- P : l’attention produit sans effort un état de conscience idéal où l’absence d’appel mémoire provoque une raréfaction extrême des pensées parasites. Mais cette tranquillité, induite par la simple observance des informations sensorielles perçues, étend également ce discernement au monde intérieur, au monde mental.

- C : et donc ?

- P : lorsque l’on débute dans la pratique de l’attention, et surtout si notre conscience émotionnelle est relativement « chargée » de pensées parasites qui attendent, massées  derrière la « porte », notre perception, aiguisée par l’attention, en prend soudainement conscience. En effet, au début, il n’est pas facile de gérer l’ensemble des impressions émanant de l’extérieur - le monde qui nous entoure - et de l’intérieur - notre conscience -, notamment lorsque nous initions un travail personnel pour s’affranchir des problèmes émotionnels.

- C : ainsi, l’attention, en faisant prendre conscience de toutes ces pensées parasites, peut, chez les personnes qui débutent cette pratique et ont maille à partir avec ces émotions intempestives, « ouvrir les vannes » et provoquer ce « tsunami émotionnel ». C’est pour cela que tu avais préconisé, dans ce cas, de se recentrer par la respiration consciente, jusqu’à ce que le flux des pensées parasites puisse être dissipé naturellement par l’attention seule.

- P : c’est cela, oui.

- C : or, on arrive maintenant au cas, où c’est la respiration consciente qui s’avère inefficace ! Du moins, après une période d’essai prometteuse...

- P : ici, c’est un autre problème qui se pose.

- C : oui, car l’ami dont je t’ai parlé faisait deux séances de vingt minutes de respiration consciente chaque jour, dès fois plus, constatait des résultats positifs, reprenait confiance...et patatras !...Le tsunami émotionnel qui ne le quitte plus !

- P : il y a deux cas à considérer ici...

- C : houlà !

- P : mais c’est bien, ça va nous permettre de mieux comprendre le processus qui conduit au changement de niveau de conscience, pourquoi ces difficultés inattendues, et comment les résoudre.

- C : d’abord, comprendre...

- P : tout à fait ! En premier lieu, on va s’attacher à découvrir pourquoi la pratique régulière de la respiration consciente ne suffit pas à s’affranchir de la conscience émotionnelle.

- C : d’accord.

- P : quand nous abordons de nouvelles connaissances, et surtout lorsqu’il s’agit d’une forme de défi qui doit nous mener d’un point bas - celui où nous sommes actuellement -, vers un point haut - celui que nous désirons atteindre -, nous souhaitons vivement constater les progrès réalisés, mais plus encore voire s’établir « l’effet cliquet »...

- C : ...ce qui empêche le retour en arrière lorsque l’on estime avoir franchi une certaine étape dans un apprentissage ?

- P : c’est ça, oui. Prenons un exemple. Je vais le choisir de façon à ce que la progression, le changement qu’il implique, n’échappe pas au pratiquant, mais surtout pourquoi il ne peut s’appliquer à notre sujet : c’est un programme de musculation...

- C : ah oui, en effet !

- P : au moins, il n’y a pas d’ambiguïté là-dessus !

- C : c’est clair !

- P : dans un tel programme, s’il est mené consciencieusement, on constate facilement les changements opérés sur le corps...

- C : ...sur la conscience émotionnelle également, lorsque l’on pratique chaque jour la respiration consciente...

- P : ...c’est ici que les deux pratiques se démarquent. Une séance de musculation quotidienne constitue un acquis nécessaire pour voir la musculation se développer, et suffisant pour l’entretenir. Cela ne fera pas défaut si le rythme est maintenu. Une séance de respiration consciente, voire deux dans le cas de ton ami, fait ses preuves au début...pour aboutir à la catastrophe émotionnelle que tu m’as rapportée.

- C : pourquoi ?

- P : parce que la conscience n’est pas un muscle. Elle est éminemment fluctuante, surtout la conscience émotionnelle qui nous préoccupe ici, les allers-retours entre la mémoire et les émotions peuvent être fulgurants et se manifester à tous moments...d’inattention !

- C : donc, pratiquer régulièrement la respiration consciente, prendre un moment chaque jour pour s’y consacrer ne sert à rien ?

- P : encore moins.

- C : ??? (très étonné)

- P : je te sens perplexe...

- C : pour le moins !

- P : ça va s’arranger...On a dit que la respiration consciente remplaçait l’attention lorsque la personne ne parvenait pas à maintenir cet état d’observance seul. De plus, le recours à cette disposition s’imposait par la difficulté de gérer les débordements de la conscience émotionnelle. Ainsi, la pratique régulière de cet exercice modifiera le niveau de conscience de la personne, et lui permettra de s’induire rapidement dans cet état particulier le moment venu. La pratique est donc une condition nécessaire...mais pas suffisante ! Et comme tu le disais, on peut faire de la respiration consciente : couché, assis, debout, à pied...

- C : ...à cheval et en voiture !

- P : ...en voiture, surtout ! Tout particulièrement pendant les embouteillages !

- C : c’est sûr ! Donc, pour ne plus subir ces dérapages de la conscience émotionnelle, il faut « respirer consciemment » à chaque fois qu’ils se manifestent ?

- P : à chaque fois que l’on commence à ressentir les symptômes d’une décharge émotionnelle, on pratique !

- C : et si c’est cent fois par jour ou plus ?

- P : on pratiquera cent fois par jour ou plus ! Juste quelques mouvements respiratoires à chaque fois, le temps de faire retomber les émotions à un niveau acceptable. On a dit que la volonté était à la base du changement de niveau de conscience. Et oui...pas mieux ! Il faut donner le coup de pied au fond de l’eau pour espérer remonter, et chacun est seul en mesure de le donner pour lui-même !

- C : c’est noté...Et le second cas à considérer ?

- P : c’est le fonctionnement du cerveau. Une de ses fonctions est de faciliter l’existence d’une personne une fois que des comportements, des habitudes de vie ont été mémorisés. Il ne faut pas oublier que près de 90 % de nos actes quotidiens sont gérés de manière inconsciente par le cerveau ! Donc, lorsqu’il a repéré la conscience dominante...

- C : ...qui est la conscience émotionnelle dans le cas qui nous occupe, il va tout faire pour l’activer quand il se sera rendu compte que l’on essaye de la court-circuiter par des exercices réguliers de respiration consciente, par exemple...

- P : tout à fait ! C’est ce que l’on pourrait appeler la « force d’inertie cérébrale ». Pendant cette phase, dont l’on ne connaît pas la durée, il faut être extrêmement vigilant, ne pas céder un pouce de terrain à la conscience émotionnelle, agir presque automatiquement...

- C : ...signal émotionnel ! Respiration consciente...Signal émotionnel ! Respiration consciente...

- P : voilà ! Et un jour, plutôt un beau jour, enfin !...

- C : ...le cerveau aura épuisé sa force d’inertie, et deviendra un allié. Il ne dépensera plus une partie de son énergie à stimuler la conscience émotionnelle...car c’était mieux avant !

- P : je crois que c’est clair maintenant !

- C : oui. Juste un point : lorsque le cerveau est devenu un allié dans notre volonté de changer de niveau de conscience, peut-on relâcher sa vigilance ?

- P : jamais ! C’est bien que tu aies posé cette question.

- C : je croyais pouvoir écouter de la musique après avoir obtenu un simple « oui »...

- P : là, contrairement au poète, ce n’est pas « De la musique avant toute chose... », il est impératif d’aller au terme de notre questionnement. Désolé, ça va être un peu plus long que prévu...

- C : priorité à la connaissance.

- P : lorsque l’on s’engage dans un travail sur la conscience par l’attention ou la respiration consciente, des signes nous indiquent que quelque chose change dans notre perception des événements, et plus généralement notre manière d’être. C’est de cette façon que l’on s’aperçoit que le cerveau intègre notre volonté de changement. Il semble délaisser quelque peu la conscience émotionnelle qui, il y a encore peu, était reconnue comme la conscience de base, celle qui filtrait notre perception du monde. On pourrait alors être tenté de délaisser la respiration consciente, voire l’attention seule si l’on a franchi la première étape. Ce serait une erreur fondamentale ! Il faut garder à l’esprit que la conscience émotionnelle est, et sera toujours présente comme une émanation de la partie la plus puissante du cerveau, après l’aire « reptilienne » qui assure les instincts vitaux !
Les pensées parasites, messagères des émotions indésirables, peuvent se manifester à tous moments...et reprendre de la vigueur si l’on abandonne cette vigilance salutaire. N’oublions pas que notre société exalte les émotions ! Il ne faut donc pas « baisser les bras », mais profiter de l’aide du cerveau, qui désormais facilitera le recours à l’attention et ses incomparables bienfaits !

- C : ceci méritait bien d’être dit ! Place à la musique !...

- P : avant, n’oublie pas de rapporter ce qui a été dit à ton ami, de le remercier pour sa collaboration, et surtout de l’encourager à persévérer !

- C : je n’y manquerais pas !

- P : bien. On va poursuivre joyeusement, toujours avec Brahms, pas les danses hongroises (2) qui sont très connues, du moins certaines, mais avec deux œuvres vivifiantes : les variations sur un thème de Haydn (3) et l’ouverture pour une fête académique (4).

- ..........



Brahms : 

(1) Symphonie n° 2

http://www.youtube.com/watch?v=1-nPUptjBtE

(2) Danses hongroises

http://www.youtube.com/watch?v=ZFW5vBTB34M&list=PL80BAC16ACE6FEAD5

(3) Variations sur un thème de Haydn

http://www.youtube.com/watch?v=BAuqxEMRapg

(4) Ouverture pour une fête académique

http://www.youtube.com/watch?v=Y1E6FBi-AJw

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