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10/08/2013

Chapitre 5.1. Comment en sommes-nous arrivés là ?


Texte lu








Description : aperçu rapide de l'élaboration de la société humaine ; l'ego comme concepteur et accompagnateur fidèle de l'évolution de la société humaine ; l'importance considérable des émotions dans les relations humaines...et dans la société ! Ici : "l'affirmation de soi se substitue à la connaissance de soi !"




- P : on peut définir la société comme un système patiemment élaboré au cours du temps pour favoriser la croissance et l’évolution de l’espèce qui l’a construite et adoptée : le genre humain.

- C : jusque là, ça va !

- P : maintenant on va voir pourquoi les êtres humains ont éprouvé le besoin de se regrouper, de vivre ensemble.

- C : pour se protéger, pour être plus à même de lutter efficacement contre des agressions diverses.

- P : oui. Il ne faut pas oublier qu’à ses débuts, l’humanité était relativement fragile face aux autres espèces avec lesquelles elle partageait son environnement : encore dépourvus d’armes, il était difficile aux humains des premiers âges de rivaliser avec les grands fauves prédateurs qui disposaient de la puissance, de la vitesse, de la griffe et des crocs !

- C : oui, le singe nu avait fort à faire !

- P : on peut donc trouver dans le besoin de sécurité et de protection l’origine de la « société ».

- P : l’environnement hostile où se débattait l’humanité naissante aura permis de développer considérablement ses facultés cérébrales. On a parlé de l’ego comme le réceptacle des deux consciences : émotionnelle et intellectuelle, et bien ce sont elles qui vont façonner cette société, pour le meilleur...

- C : ...et pour le pire ! 

- P : on verra...gardons le suspense pour l’instant !

- C : je ne pense pas qu’il puisse durer longtemps ! Revenons à l’évolution humaine. C’est vrai que pour faire court, l’intelligence et le pouce préhensile - opposable aux autres doigts -, ont bien facilité la tâche aux humains. L’éveil de la conscience intellectuelle, qui a produit cette habileté si particulière, offrit, au-delà de la protection d’un milieu contraignant, le confort et le plaisir d’en profiter. Et le rôle de la conscience émotionnelle ?

- P : elle commence à œuvrer dans la recherche du confort et du plaisir, comme tu l’as fait remarquer. Mais sautons allégrement plusieurs millénaires dans l’histoire humaine, quittons l’homo sapiens sapiens...

- C : ...pour retrouver « l’homo ça pionce, ça pionce » ?

- P : parfois oui, et c’est pas facile de le réveiller !...Pour retrouver l’« homo œconomicus ». L’histoire montre en effet que la prospérité économique doit beaucoup à l’ego, et surtout à l’égoïsme !

- C : et oui, l’égoïsme est un moteur puissant ! Il est vrai que la recherche et le travail de quelques-uns ont bénéficiés au plus grand nombre. Et ce sont toujours des agents de progrès incontestables pour l’humanité...

- P : ...mais ?

- C : c’est là que le suspense prend fin, il n’aura pas duré longtemps !

- P : ainsi que tu le pressentais !

- C : c’est mon côté médium !

- P : je dirais plutôt : fin observateur !

- P : Si l’être humain a bien évolué intellectuellement depuis « Cro-Magnon », la cause étant l’usage intensif de la conscience dédiée à cette capacité, il est malheureusement resté le même s’agissant de la conscience émotionnelle. En effet, les émotions ayant pour principale fonction de créer et renforcer l’attachement de la femelle à sa progéniture pour faciliter leur éducation, rien n’avait changé depuis en ce domaine.

- C : il faut rappeler aussi que les émotions sont une « invention » du cerveau mammalien, donc des mammifères, et donc de l’être humain.

- P : la boucle est bouclée ! En fait, rien n’a changé ?...Rien n’est moins sûr ! La société, par ses découvertes, son évolution technologique, offre à ses ressortissants, de moins en moins citoyens et de plus en plus consommateurs, une gamme considérable de produits qui stimulent le désir ; désir né de l’extension sans limite de l’archétype originel : tristesse, plaisir.

- C : l’affirmation de soi se substitue à la connaissance de soi !

- P : c’est certain !...Mais il faut vraiment remonter loin en arrière dans la société humaine pour trouver une civilisation qui privilégiait cette connaissance. En fait, lorsqu’elle était considérée, son étude était réservée à une élite ! Sinon, « l’affirmation de soi » semble bien être le credo de notre société ! C’est la conscience intellectuelle au service de la conscience émotionnelle, expression dominante du comportement humain sur notre planète.

- C : conscience du bébé par excellence, elle accompagne le nouveau-né toute sa vie, se renforce avec l’intelligence, et culmine avec la découverte et l’exercice du pouvoir, de quelque nature qu’il soit, public ou privé, manifeste ou caché !

- P : rien n’a changé depuis que le nourrisson a ressenti le plaisir ou la frustration, suivant qu’on lui donnait ou retirait ses jouets, mais les conséquences et les enjeux sont bien différents !

- C : bon, on s’emballe, et on commence presque à parler politique ! Ce qu’on avait promis de ne pas faire, de rester dans la compréhension du système pour tenter d’y apporter des solutions qui restent dans l’orientation que l’on a donnée à nos discussions : la connaissance de soi...Pour faire synthétique !

- P : on est peut-être un peu sur les bords, mais on décrit toujours l’organisation caractéristique des sociétés de la plupart des pays, et la culture la mieux partagée, celle de l’émotionnel. Si l’on passait en revue les différentes idéologies politiques et les courants économiques, comparant leurs vertus et leurs faiblesses respectives, on y serait vraiment en plein dedans ! On ne va pas le faire, on va en rester là...

- C : ...on peut terminer cette réflexion en disant que l’état du monde, en matière sociétale, est un échec retentissant, simplement en rapprochant la richesse globale, les potentialités techniques existantes, et l’effroyable disparité entre les niveaux de vie constatés sur cette planète !

- P : bien-sûr, sinon cela serait comme se trouver devant l’Everest...et dire que l’on ne voit pas la montagne !

- C : on appelle ça un constat d’évidence !

- P : pour le moins !

- C : donc, si l’on a bien compris pourquoi nous en sommes arrivés-là, la stagnation de la conscience émotionnelle depuis l’aube de l’humanité, et sa stimulation constante par la société, on pourrait voir maintenant à notre niveau, comment, et surtout s’il est possible, d’y remédier ?

- P : oui...s’il est possible...C’est toute la question !

- C : posons-là !

- P : après un peu de musique ?

- C : oui, pour dissiper les émotions ambiantes suscitées par ce thème !

- P : d’accord ! Alors, d’abord la réponse à la question sur : le « roman dans un soupir » (§ 3.3.4. Musique). Il s’agissait d’Arnold Schoenberg, parlant de la concision de son élève : Anton Webern. Et donc, nous allons écouter de Schoenberg : la Nuit Transfigurée (1), dans sa version pour orchestre à cordes. Ecrite à la fin du dix-neuvième siècle, l’œuvre fait son miel des influences de Wagner et de Brahms, et quel moment sublime !...

- ..........

- C : quel est l’argument de cette œuvre ?

- P : un couple amoureux se promène la nuit en forêt. La femme avoue à l’homme qu’elle attend un enfant qui n’est pas de  lui. Il apaise sa compagne, lui assurant qu’il considère cet enfant comme le sien. Les amants continuent leur promenade, heureux, sous cette nuit transfigurée !

- C : l’écoute gagne certainement en intensité lorsque l’on connaît la thématique !

- P : c’est possible...

- C : t’es pas romantique !

- P : quand...

- C : ... « Je suis attentif, non ! »

- P : j’aurais pas dû répondre !



(1) Schoenberg : La nuit transfigurée

http://www.youtube.com/watch?v=U7a36rTZdX8
http://pgvcp.blogspot.fr/2013/08/chapitre-51-comment-en-sommes-nous.html

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