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09/08/2013

Chapitre 6.5. Une certaine manière d'être



Texte lu



 



Description : pour résumer l'ensemble et aborder la base de tout, l'existence au quotidien, avec "une certaine manière d'être"...





- P : bon, j’espère que cette fois nous en aurons fini avec cette vie quotidienne !...



- C : c’est le thème pivot ! Celui où l’on essaie ce dont on a parlé tout au long de nos discussions.



- P : celui où l’on essaie, mais celui ou « l’ON S’ESSAIE », surtout ! Donc il faut, à un moment donné, abandonner le questionnement, comme tu l’as très bien compris en renonçant à poser toutes les questions qui t’interpellent, comptant sur ta propre réflexion, et plus encore sur l’intuition, ramenée au premier plan par la conscience attentive !



- C : tu vas quand même parler de tout ce que tu avais envisagé : « la méthode entonnoir » (§ 6.4.3.), le pardon...



- P : sans problème ! Juste après le retour à Bach, pour clôturer le cycle musical ! Plongeons-nous dans la première suite pour violoncelle ! (1)



- C : ah, oui !



- ..........



- P : on est régénéré après !...C’est bien, car on va en avoir besoin !



- C : à ce point là ?



- P : c’est pour mettre dans l’ambiance... « Quand la vie va mal ! »...Ce pourrait être le point de départ, l’alerte, le signal qu’il faut réagir, effectuer un travail sur la conscience !



- C : comme ce dont nous avons parlé, respiration consciente, attention, et régler ainsi nos problèmes ?



- P : c’est bien de poser cette question, car cela va permettre de faire une mise au point importante. Nous parlons ici des états de conscience, de la façon de les modifier, d’agir sur eux. Il ne faut pas attendre de prodiges, ou d’interventions miraculeuses qui vont régler d’un coup toutes nos difficultés, notamment matérielles !



- C : naturellement ! On s’attache à l’impact psychologique de nos problèmes, quels qu’ils soient, tout particulièrement à la « lecture » émotionnelle que nous en faisons, et surtout comment agir pour dissiper ces émotions perturbatrices. En oeuvrant ainsi, nous pourrons  retrouver la lucidité qui nous manquait, élément indispensable pour s’impliquer efficacement dans l’action. Et là, on peut développer...



- P : en effet ! Je t’en prie développe...

- C : il est certain qu’oeuvrer à partir de la conscience attentive ne va pas régler tous nos problèmes existentiels, et notamment transformer des citrouilles en carrosses ! Mais cela peut nous éviter nombre de « petits désagréments » comme :

     * se couper en épluchant des légumes ;
     * se cogner en se déplaçant ;
     * manquer une marche d’escalier, ou le trottoir ;
     * oublier un document ou un objet important ;
     * être attentif à ce qu’on nous dit, et répondre en conséquence...

Bref, tout cela mis bout à bout peut représenter beaucoup dans une vie, et transformer une existence paisible en réservoir à problèmes !

- P : c’est parfait d’avoir pensé à cela ! C’est tellement vrai !...Or, ce travail sur notre mental, ce changement de niveau de conscience rendu immédiat par l’attention et la respiration consciente...la plupart du temps, nous ne le faisons pas lorsque c’est nécessaire, indispensable pour s’extraire de notre torpeur émotionnelle ! Pourquoi ?

- C : par manque d’énergie, abattus par les circonstances.

- P : ce sont les effets, mais la cause ?

- C : la conscience émotionnelle et son fonctionnement ?

- P : tu peux préciser...

- C : pour reprendre ton expression : « Quand la vie va mal ! », la conscience émotionnelle fonctionne à plein régime, produit des pensées parasites à foison, et nous ne sommes plus capables de raisonner, et donc d’agir correctement...

- P : parfait, tu as mis le doigt dessus !

- C : bon, j’enlève le doigt, et tu vas pouvoir développer !...

- P : monsieur est trop bon !...En même temps, la « méthode entonnoir » (§ 6.4.3.) va révéler son mystère !

- C : j’ai hâte !...

- P : la conscience et les pensées sont tout notre univers. Nos actes, nos comportements sont savamment conçus et réglés au préalable dans notre conscience. Ce que nous vivons, ce que nous expérimentons n’est que la projection de tout cela...mais filtrée par le niveau de conscience du moment, à travers le fameux entonnoir ! Donc, toutes les réponses  existentielles s’expriment par ce filtre, et traversent l’entonnoir !...

- C : c’est pour cela que la personne qui va mal, souvent, ne trouve pas l’énergie suffisante pour reprendre le dessus.

- P : oui, parce que tout son espace mental est saturé par les émotions qui débordent en permanence de cette conscience bien connue dorénavant. Par exemple, même se livrer à une activité qu’on apprécie beaucoup d’ordinaire, devient pratiquement inenvisageable, car pour cela il faudrait disposer d’un « espace mental » dédié, permettant de s’adonner à notre passion !

- C : mais rien à faire, la conscience émotionnelle remplit tout l’espace disponible ! Ce qui se traduit, dans l’aire réservée à la logique et au raisonnement, par : « J’ai plus goût à rien... ». Une solution ?

- P : tu te souviens lorsqu’on avait comparé le flux des pensées qui assaillent la conscience au filet d’eau qui coule du robinet, et que l’impression de continuité du flux, dans les deux cas, était une illusion liée à la limitation de nos sens ?

- C : oui, sur l’attention.

- P : et bien même lorsque ça va mal, que l’on baisse les bras devant des situations que l’on considère inextricables, il existe toujours des « micros espaces » entre deux pensées parasites à partir desquels il est possible d’agir : de pratiquer la respiration consciente, d’être attentif, même quelques minutes, voire quelques secondes ! Et de là, repartir, creuser son sillon ! Elargir cet intervalle entre deux pensées inopportunes jusqu’à ce qu’un espace clair, libre, suffisamment dégagé, s’installe et fasse place aux nuages déployés par la conscience émotionnelle ! Voilà ce qu’il convient de faire, mais pour cela...

- C : ...il y a un minimum incontournable qui ne peut être fait à notre place, c’est l’exercice de la volonté qui donnera le coup de pied salutaire, exprimant le désir de s’en sortir !

- P : c’est à la fois le sol fertile et la graine ! Et dans cette union prometteuse, on va essayer d’y faire fleurir « une certaine manière d’être », susceptible de nous accompagner au quotidien tout au long de notre existence !

- C : très bien ! Et le « pardon » ?

- P : il devrait en résulter.

- C : la boucle sera alors bouclée !

- P : cela part de deux attitudes qui expriment assez bien comment le vécu d’une situation sociale peut aboutir à des comportements radicalement opposés, sachant que l’une des conduites s’inspire, justement, de ce que nous avons développé.

- C : d’accord.

- P : on peut définir ces deux attitudes, à partir desquelles nous vivons une situation, d’après le raccourci suivant : « Compréhension - acceptation » ou « Obstination - excitation ».

- C : tout un programme!...

- P : un logiciel même, pourrait-on dire!

- C : je suppose que le premier duo, « Compréhension - acceptation », s'inscrit dans la conscience attentive ?

- P : oui. Prenons un exemple tangible, et voyons pas à pas comment l'attention va permettre de gérer au mieux une situation conflictuelle en l'intégrant naturellement dans cette perspective.

- C : nous avions déjà vu l'exemple du conflit, lorsque nous avons évoqué l'attention pour la première fois.

- P : oui, un rappel ne fait pas de mal, surtout lorsque ce principe peut s'appliquer à toutes les situations de la vie quotidienne, notamment celles qui sont critiques.

- C : révisons, alors!

- P : face à une situation problématique qui nous implique seul ou nous relie à d'autres interlocuteurs, on peut schématiser ainsi les étapes respectant la logique du protocole « Compréhension - acceptation » :

  • Etre attentif au problème pour discerner ses composants essentiels : c'est cela qui donnera la compréhension.
    
  • Lorsque la compréhension est totale ou suffisante, c'est-à-dire lorsqu'il ne subsistera plus de doutes ou d'interrogations, maintenir l'état d'attention pour vivre sereinement la deuxième étape : l'acceptation.

- C : comment l'acceptation devient-elle naturelle ?

- P : tu ne te souviens plus des effets de l'attention ?

- C : la suppression de « l'appel mémoire » qui réduira considérablement  les effets indésirables de la conscience émotionnelle.

- P : j’ai eu chaud !...Donc, la conscience de l'attention va se substituer à la conscience émotionnelle, et dans cet état particulier on accepte plus facilement, et surtout naturellement, les contraintes que nous pourrions subir dans la résolution du problème.

- C : ne risque-t-on pas, dans ces circonstances, de se « faire avoir » plus qu'à son tour ?

- P : si, bien-sûr !

- C : ? ? ?... (Surpris !)

- P : j’explique. Un conflit a lieu entre deux personnes, l'une est attentive, comprend bien la situation, et accepte certaines contraintes pour résoudre le désaccord ; une tierce personne, qui observe la scène, pense : « Elle se fait avoir ! »

- C : est-ce le cas ?

- P : oui, pour la personne qui observe, et non pour la personne attentive !

- C : parce qu’elles ne « fonctionnent » pas à partir du même niveau de conscience.

- P : tout à fait ! Elles vivent une réalité fort différente, avec des valeurs qui le sont toutes autant.

- C : l’essentiel étant la résolution du conflit.

- P : oui ! Et de ce point de vue on  respecte l’une des règles fondamentales de la nature : la voie de moindre énergie ; ici, en recourant à minima, ou par l’absence de ressources émotionnelles !

- C : et en plus, on fait des économies d’énergie !...Et la manière forte maintenant ! L’option : « Obstination - excitation » ?

- P : elle est malheureusement dominante dans notre société, et s’invite de deux façons : d’emblée dans le processus, l’obstination remplace la compréhension ; ou en s’intercalant entre la compréhension et l’acceptation...

- C : ...je comprends... mais je n’accepte pas !

- P : c’est ça oui, parce que l’attention n’est pas suffisante pour empêcher les vagues émotionnelles de déferler !

- C : et comment ce duo marche-t-il ?

- P : lorsque l’on s’obstine, on entre dans une phase de contrariété ou de déni, déni qui va éloigner tout espoir de revirement, rendre toute compréhension impossible. On a évoqué tout à l’heure « la voie de moindre énergie », qui est celle du premier duo, comme tu dis, et bien là par contre, de l’énergie il en faut une sacrée dose pour maintenir, au moins constant, l’état d’obstination !

- C : et où puise-t-on cette énergie, dans l’excitation ?

- P : gagné ! L’excitation, née également de la conscience émotionnelle, est un moteur puissant. Plus exactement, c’est l’énergie nécessaire qui crée l’obstination en permanence. L’excitation, dans cet aspect conflictuel, c’est par exemple ce plaisir morbide que l’on éprouve à l’idée de satisfaire une revanche, une vengeance. Et l’on sait bien que le scénario, une fois élaboré, peut durer des années !

- C : des décennies ! Voire même se transmettre de génération en génération !

- P : c’est malheureusement vrai...Et si cela se termine par un épisode violent, cette conclusion brutale apporte une satisfaction qui agirait un peu comme la détente fulgurante d’un gaz longtemps compressé ; il s’agit toujours d’excitation, et cela ne doit absolument rien au bien-être ou à l’apaisement.

- C : pourrais-tu donner un exemple de situation impliquant une réponse « Obstination - excitation » ?

- P : bien-sûr, et l’analyse qu’il est possible d’en faire montrera les mécanismes en jeu, ainsi que la façon de gérer ce même événement si l’on décidait de l’aborder selon la « manière douce ».

- C : parfait !

- P : par une belle journée de printemps, trois amis décident de faire une randonnée dans un bois bien connu de Paris. La promenade achevée, tous sont satisfaits et contents de ce temps partagé, mais il faut rentrer, et l’on rejoint le véhicule de l’un des protagonistes. Après quelques minutes, la voiture s’engage dans une rue étroite où une fourgonnette est arrêtée. Le conducteur venant juste de descendre pour, très certainement, faire une course rapide...

- C : et là, c’est le drame !

- P : voyons plutôt !...Le conducteur : « Ah ! C'est pas vrai...Il vient juste de s'arrêter ! » (Début de l'obstination, déclenchée par une contrariété). Une minute vient à peine de s’écouler que le conducteur du véhicule à l'arrêt est de retour. Le conducteur irrité (au passager avant) : «  T'as vu comment il me regarde ?...C'est lui qui gêne, et en plus il me regarde de travers !... » (Prolongation de l'obstination sous l'effet de l'excitation). Le passager : « Oui, c'est incroyable ! » Le conducteur excédé : « Ah vraiment ! La moindre des choses serait de s'excuser !... » Le passager : « Oui, en effet ! »
Dans cette courte situation qui n'aura durée que deux minutes en comptant large, la conscience émotionnelle aura pu modifier instantanément le sentiment heureux et satisfait qui se dégageait de cette journée passée ensemble en mécontentement et agacement !

- C : et l’analyse ?

- P : on peut suivre l’action, de l’essentiel à l’événementiel, à partir de l’un des piliers de la réalisation sociétale : l’affirmation de soi. Elle crée le sentiment : « Je suis la mesure de toute chose », qui va se décliner à partir de notre éducation et des valeurs que nous estimons justes. Lorsque l’on observe chez autrui un manquement envers ces valeurs, et tout particulièrement quand nous y sommes impliqués, un signal émotionnel se produit.

- C : ces valeurs que nous reconnaissons comme justes, peuvent cependant être erronées ?

- P : peu importe. A travers elles une personnalité se construit, reposant sur les consciences émotionnelle (surtout) et  intellectuelle, produisant ce qu’on appelle l’ego. Et l’ego, notre personnalité propre...mais multiple, fonctionne selon le principe d’action et de réaction.

- C : et lorsque la conscience émotionnelle en est le moteur, le principe s’emballe !...Mais pourquoi « multiple » ?

- P : tout à fait. Multiple, car comme on l’a vu (§ 3.2. Etat des lieux), cette personnalité qui repose sur une « collection » de faits mémorisés peut changer à tout instant selon notre humeur.

- C : et l’action reposant sur le principe « Compréhension - acceptation » émanerait de la conscience naturelle.

- P : oui, celle que l’on a qualifiée de conscience attentive.

- C : comment cette même scène pourrait se présenter, vue sous cet angle ?

- P : la présence du véhicule arrêté, empêchant momentanément la circulation, est perçue et vécue avec attention ; la compréhension est immédiate ; « l’appel mémoire » n’intervient pas, délivrant de l’emprise émotionnelle ; l’acception (attendre tranquillement que la situation se débloque) devient naturelle.

- C : ça paraît effectivement simple comme ça !

- P : mais ça l’est ! Car la conscience naturelle qui mène le jeu, délivrée des comportements standardisés des mémoires émotionnelle et intellectuelle, n’est plus en prise avec le principe d’action et de réaction, mais repose sur la compréhension totale de ce qui est observé ; toutes les liaisons avec les affects sont déliées, dissipées !

- C : c’est ainsi que se révèle la connaissance de soi !

- P : oui ! La connaissance de ce que nous sommes réellement, l’expression de la conscience naturelle née de l’attention, et qui est donc présente en chaque être !

- C : toutes les personnes ne sont pas identiques, si l’on s’attache uniquement à l’intelligence, au savoir...

- P : ...naturellement ! Même avec beaucoup de travail et la meilleure volonté, un excellent compositeur n’égalera jamais Bach, un peintre talentueux, De Vinci, un écrivain habile, Hugo, et un physicien expérimenté, Einstein ! Mais il est question ici de relations sociales, de rapports humains, de compréhension et de compassion, valeurs qui s’expriment naturellement lorsque la conscience attentive dissipe ce qui émane de l’affirmation de soi.

- C : c’était pour que cela soit dit !...Au fait, dans le scénario que tu as décrit, quel pouvait être l’aboutissement de « l’excitation » ?

- P : les insultes, et tout ce qui peut advenir ensuite !... Bien, pour résumer, l’attitude qui consiste à vivre selon le principe « Compréhension - acceptation » :

  • Substitue la connaissance de soi à l’affirmation de soi ;

  • Trouve sa source dans l’attention portée aux événements que nous vivons ;

  • N’élimine certes pas toutes les difficultés de l’existence, mais permet de les traverser avec beaucoup moins d’appréhension et plus de sérénité.

- C : ça résume bien. Tu en as la ferme conviction ?

- P : j’en ai la douce certitude...

- C : et le pardon ?

- P : c’est une notion souvent évoquée pour la transformation psychologique qu’il est supposé apporter. Il trouve son origine dans le domaine spirituel, mais nous n’en avions pas parlé alors. C’est bien, parce que le pardon est contenu dans le principe « Compréhension - acceptation ».

- C : ah oui, c’est bien !

- P : donc le pardon, par le repentir qu’il implique, est sensé soulager « l’âme » et la faire évoluer. Il n’est pas question ici de s’inviter dans ce débat, mais simplement faire remarquer que cette démarche s’appuie complètement sur le principe d’action et de réaction...

- C : ...sollicitant dès lors la conscience émotionnelle. En effet, pardonner, c’est lutter émotionnellement contre un ressentiment, une meurtrissure,  une vengeance ! Ceci, dans l’espoir de satisfaire aux règles dogmatiques que l’on s’est imposées !

- P : oui. Alors, cette lutte interne, ce désir de pardonner peut effectivement procurer du soulagement, mais sous l’emprise de la conscience émotionnelle, et souvent au prix d’un long travail psychologique. La compréhension totale, amenée comme on l’a vu par la conscience attentive, conduit naturellement à l’acceptation, sans faire un détour stressant par la conscience émotionnelle, esquivant ainsi le principe d’action et de réaction.

- C : bien, je crois que nous avons vraiment terminé avec le thème de « la vie quotidienne ».

- P : terminé avec la « vie quotidienne », comme avec le reste, c’est-à-dire tous les thèmes de réflexion nés de ton questionnement matinal !

- C : incroyable, quand j’y pense !...

- P : n’y pense pas trop, sois plutôt attentif !

- C : c’est promis ! Une conclusion, quand même...



Bach : Suite pour violoncelle n° 1

http://www.youtube.com/watch?v=kq1erEVES1M
http://pgvcp.blogspot.fr/2013/08/chapitre-65-une-certaine-maniere-detre.html

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